samedi 29 janvier 2011

Interview d'expat : Rencontre avec Aline Silberg-Delpierre, fondatrice de U Be Well 2

Aline Silberg-Delpierre
Une fois par mois, Expat Forever vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre et d’appréhender la vie au quotidien en expatriation. 
Ce mois-ci, j’ai rencontré Aline Silberg-Delpierre, massotherapeuthe, et fondatrice de U Be Well 2.

Expat Forever : D’ou êtes-vous originaire en France ?
Aline Silberg : Je suis née à Aix en Provence et j’ai grandi à Paris

EF : Est-ce votre première expatriation ?
AS : Non, c’est la deuxième mais la plus longue pour le moment ! J’ai d’abord été expatriée à Hong Kong pendant deux ans. 

EF: Où vivez-vous à Chicago ?
AS : Je vis dans le quartier de Lincoln Park.

EF : Depuis combien de temps y vivez-vous ?
AS : J’y vis depuis avril 1997.

EF : Pourquoi avez-vous déménagé à Chicago?
AS : J’y ai suivi mon mari qui a souhaité se relocaliser dans la banlieue de Chicago après une expatriation de 5 ans.

EF : Que faites-vous dans la vie ? 
AS : Je suis devenue massothérapeute en 2006. Aux Etats-Unis, c’est une profession à part entière. En France, les massothérapeutes ne peuvent pas faire de massages cliniques réservés aux kinésithérapeutes alors qu’ici les massothérapeutes peuvent travailler soit sous la direction d’un chiropracteur ou dans des établissements de gym, de soins esthétiques ou des spas.

EF : Pourquoi avez-vous créé votre entreprise U Be Well 2 ? 
AS : J’ai créé U Be Well 2 en 2007 afin de pouvoir offrir un service de soins thérapeutiques de qualité exceptionnelle à mes clients (que je considère comme des amis) qui, au-delà de leurs douleurs physiques, ont besoin de s’éduquer sur leur corps et leur mode de vie. Je considère davantage mon rôle comme celui d’un coach en bien-être et j’oriente mon activité professionnelle de plus en plus dans cette direction. En réalité, c’est mon prochain développement professionnel. 
Je suis venue au massage à cause d’un problème de cervicales provoqué par le stress de mon travail précédent. Avant j’étais avocate. Le bien-être ressenti et le soulagement obtenu m’ont poussé à vouloir étudier le massage. J’ai quitté ma carrière de juriste pour devenir massothérapeute professionnelle. Le problème des massages à Chicago, c’est la pression du temps : en général 50 minutes puis on passe au suivant ! A peine le temps de sourire, de savoir si cela convient. J’aime offrir un moment de détente, en toute confidentialité. Les maux physiques ont toujours des origines émotionnelles et sans rentrer dans le traitement psychique, je prends le temps de questionner, de comprendre qui sont mes clients.

EF : Quels sont vos projets professionnels ?
AS : Au fil des années, je sens que ma recherche s’oriente sur la médecine holistique et notamment l’Ayurveda. Je viens d’ailleurs de passer 15 jours en mai dernier en Inde au Kerala pour suivre une formation en massage indien ayurvédique. Le massage de tête indien est ma spécialité car il est très efficace pour lutter contre le stress, les maux de tête, les douleurs cervicales et des sinus. Tellement convaincue que le stress est la cause première des maladies, je viens d’accepter très récemment de travailler à l’hôpital de Northwestern au centre de médecine intégrative et de bien-être où j’espère que la médecine de l’Ouest rencontrera celle de l’Est pour le bonheur des patients ! Je continue à voir des clients aussi chez un chiropracteur d’origine française. Le reste du temps est consacré au développement de ma société U Be Well 2. Pour plus de renseignements en savoir plus sur mes techniques, vous pouvez consulter mon site.

U BE WELL 2
EF : Selon vous, quels avantages voyez-vous à la création d’entreprise dans votre cas, notamment par rapport à votre situation professionnelle antérieure ?
AS : L’avantage principal, c’est de pouvoir être maitre de son savoir-faire. Cela a été un élément moteur pour créer mon propre cabinet de massage à Chicago. Toutes les entreprises pour lesquelles j’ai travaillé ne proposaient pas des massages et un suivi en « mieux-être » à mes clients. Avec ma propre structure, j’ai vraiment pu développer ma propre démarche, à savoir une approche holistique du corps humain. Mes services ne se limitent à de simples massages, j’y intègre aussi des conseils en nutrition, du stretching, je suggère à mes clients une visite chez le chiropracteur. 
Et puis, créer ma propre entreprise m’a permis aussi de renouer avec une tradition familiale lorsque mes grands-parents maternels, après avoir tout perdu au Vietnam, ont créé leur propre entreprise de fabrication de produits alimentaires vietnamiens à Aix-en Provence. 
Ma création d’entreprise ne m’apporte que des satisfactions, surtout que cela fait complètement partie du « rêve américain ». C’est un défi quotidien que j’aime relever ! 

EF : Vous parlez à l’ instant de défi. Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien en tant qu’entrepreneur ?
AS : Il est impossible d’obtenir des résultats sans connaître des embuches ! Mon défi aujourd’hui est de pouvoir avoir mon propre espace de massage avec une approche radicalement différente de celle que l’on trouve aujourd’hui qui est soit médicale soit relaxante dans les spas. C’est un projet qui met plus du temps à murir que prévu car je suis seule à l’orchestrer par choix mais cela devient évidemment une difficulté dans l’organisation de mon emploi du temps ! Je suis victime de mon désir de vouloir continuer à développer U Be Well 2 et de continuer à travailler pour des médecins qui satisfont mon désir d’accès à des sources de connaissances qui peuvent manquer quand on est entrepreneur au quotidien. D’une part, je ne souhaite pas pour le moment être financée par des établissements de crédit pour des raisons familiales (je souhaite protéger l’avenir de mes enfants) et d’autre part pouvoir connaître toutes les obligations légales que nécessite son ouverture sans faire appel à des professionnels me demande de m’y pencher personnellement à mes heures de loisirs. Comme je suis à la fois entrepreneur et que je travaille pour diverses structures (clinique de chiropracteurs et centre de bien-être à l’hôpital Northwestern), le temps et l’énergie sont des freins au développement de ma structure. Parfois je m’impatiente mais je me dis que si on veut aller loin, il vaut mieux ménager sa monture !  

EF : Selon vous, est-ce que le fait d’être expatriée a rendu votre démarche de création d’entreprise plus difficile ou plus facile ? 
AS : Je pense que l’expatriation m’a poussé à prendre des risques que je n’aurai sans doute jamais envisagés en France, à commencer par un changement de carrière d’avocat à massothérapeute!

EF : Est-ce qu’il est facile pour un entrepreneur français expatrié à Chicago comme vous de rencontrer d’autres professionnels dans le même secteur que le vôtre ? 
AS : Il est certain que cela demande de la recherche mais les affiliations professionnelles et internet notamment les médias sociaux ont amplement facilité la tâche. J’ai aussi suivi une formation de massothérapeute à l’école de Soma à Chicago qui a un large réseau des Anciens et est tres orientée sur le placement des massothérapeutes. J’ai suivi le premier Master en massage aux Etats-Unis qui a nécessité 350 heures additionnelles de formation (au total je cumule 1100 heures de formation).

EF : Quelles sont les principales différences culturelles entre le monde du travail en France et aux Etats-Unis ? Qu’est-ce qui est le plus marquant selon vous notamment dans votre secteur d’activités actuel ?
AS : Aux Etats-Unis, on est dans une démarche de vente et cela sans aucun complexe! On est là pour réussir financièrement Le reste est évidemment là aussi : le désir d’apporter un excellent service dans son domaine, l’innovation, etc. En France, on réfléchit au concept intellectuel et on ne parle presque jamais d’argent ! Ma démarche est une combinaison des deux !

EF : Qu’est-ce que vous appréciez le plus à Chicago ? Que pensez-vous de la qualité de vie dans cette ville notamment par rapport à d’autres villes américaines ?
AS : Je vois la ville s’embellir d’année en année comme un bon vin ! Par rapport à des villes comme New York, je trouve Chicago beaucoup plus accommodante pour une vie familiale mais elle est aussi tres riche d’un de vue artistique et culinaire. Le rythme de vie est plus provincial, ce qui est un avantage pour lutter contre le stress ! Nous bénéficions d’une excellente qualité de vie à Chicago. On espère que notre futur maire continuera à nous rendre fier de notre belle ville!

EF : Que conseillerez-vous à d’autres femmes expatriées qui souhaiteraient créer leur entreprise aux Etats-Unis et à Chicago en particulier ?
AS : Ecoutez vos passions, cultivez-les et faites les fleurir ! 

EF : Merci Aline et bonne continuation à U Be Well 2 !

Partageons nos expériences pour mieux vivre notre expatriation.

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